La caricature est un type de satire graphique exagérant tout aspect ridicule ou déplaisant. De l’Antiquité à nos jours, elle a toujours été un contre-pouvoir. Dans quelles mains?  Le but de ces œuvres est souvent de critiquer les actions ou les politiques des individus représentés. Elle a été utilisée à travers l’histoire comme une forme de commentaire politique. Sa popularité n’a fait qu’augmenter ces dernières années avec l’essor des médias sociaux. Alors que certains trouvent la caricature politique perspicace et divertissante, d’autres la trouvent grossière et offensante. Indépendamment de votre opinion sur la question, il est indéniable que ce type d’œuvres d’art peut être très efficace pour provoquer la réflexion et le débat.

Histoire de la caricature politique

La caricature politique est une forme d’art qui a été utilisée pour critiquer et satiriser la politique et les politiciens depuis des siècles. Les artistes de la Renaissance ont souvent représenté les papes et les rois sous forme de monstres ou de démons. Cette tradition s’est poursuivie au cours des siècles suivants. Au XXe siècle, la caricature politique a pris une nouvelle forme avec l’arrivée de la bande dessinée.

Les dessinateurs ont employé leur art pour critiquer tous les aspects de la vie politique, des injustices sociales aux crises économiques. Aujourd’hui, la caricature politique est plus populaire que jamais, grâce à internet et aux médias sociaux. Avec une simple recherche sur Google, il est possible de trouver des milliers de dessins et de vidéos satiriques concernant tous les sujets politiques imaginables.

La naissance de la caricature politique

Dès L’Antiquité, la Grèce a eu un caricaturiste, Pauson, dont le nom est cité par Aristophane et Aristote. Néanmoins, on peut considérer que la caricature politique est née en France, au XVIIIe siècle. À cette époque, les philosophes des Lumières mettaient leur intelligence au service de la critique sociale. Ils se moquaient des privilèges de la noblesse et du clergé. Ils défendaient les idées de liberté et d’égalité. Les caricatures politiques de cette époque sont souvent drôles et percutantes. Elles ont contribué à faire progresser les idées de la Révolution française.

En Angleterre, elle a pris une autre forme. Les artistes anglais se moquaient souvent des Français, qu’ils considéraient comme étant frivoles et superficiels. Cependant, dans les années 1830, la caricature politique anglaise a évolué. Elle est devenue plus violente et a pris pour cible les dirigeants politiques de tous les bords.

La caricature politique du Moyen-Âge à la Réforme

Le Moyen-Âge fut une période de forte tension politique. La caricature politique reflétait cette tension. Les artistes du Moyen-Âge utilisaient des images. Grâce à elles, ils critiquaient les dirigeants et les institutions politiques. Ils mettaient en lumière les défauts des dirigeants et dénonçaient les abus de pouvoir.

La caricature politique du Moyen-Âge était une forme de protestation contre le pouvoir. Elle a joué un rôle important dans le changement politique en Europe. Elle a continué à se développer à la Renaissance et à la Réforme. Elle a été utilisée pour critiquer les autorités religieuses et civiles.

Les artistes ont mis en lumière les hypocrisies et les crimes des dirigeants. La caricature politique a contribué à la chute de nombreux régimes autoritaires en Europe. Elle a également inspiré les philosophes de la Révolution française, qui ont lutté contre le pouvoir autocratique. C’est une arme puissante qui a permis aux peuples d’Europe de se libérer du joug de l’oppression.

Considérée comme un genre médiocre par les peintres, elle s’épanouit avec l’extension des arts graphiques et la professionnalisation de dessinateurs, illustrateurs et graveurs qui apparaissent à Londres dans les années 1750. William Hogarth, considéré comme le père de l’estampe satirique anglaise emmène dans son sillage les premiers véritables caricaturistes au sens moderne que sont James Sayers, Thomas Rowlandson, James Gillray, Henry William Bunbury et Isaac.

La caricature politique de la Révolution à la monarchie de Juillet

La Révolution française a été une période de grands bouleversements et de changements dans le pays. L’un des changements les plus notables a été l’essor de la caricature politique. Avant la Révolution, seule une poignée de caricatures étaient publiées chaque année. Cependant, au cours de la Révolution, le nombre de caricatures a explosé.

La caricature politique atteint son apogée sous le règne du roi Louis-Philippe, alors que plus de 500 titres différents sont publiés chaque semaine. Les caricaturistes ont tout tourné en dérision, des vêtements du roi à sa politique. En conséquence, elle est devenue une partie essentielle du discours public pendant la période connue sous le nom de monarchie de juillet.

À cette époque, les artistes ont utilisé la caricature pour critiquer les nouveaux dirigeants et leur régime. Les artistes ont également employé la caricature pour soutenir les révolutionnaires et promouvoir les idéaux de liberté et d’égalité. Aujourd’hui, la caricature politique est encore utilisée comme outil de criticisme et de satire. Elle peut être une force puissante pour les opposants politiques, car elle permet de communiquer leurs idées de manière accessible et amusante.

La caricature politique de l’affaire Dreyfus à aujourd’hui

À la fin du XIXe siècle, la France a été secouée par l’affaire Dreyfus. Ce fut une affaire très médiatisée d’emprisonnement injustifié qui a divisé la nation selon des lignes politiques. L’affaire a été largement caricaturée dans la presse. Les artistes des deux camps utilisant leurs dessins pour marquer des points contre leurs adversaires.

Au cours des décennies qui ont suivi, la caricature a continué d’être un outil important pour le commentaire politique français. Depuis les débuts de Charlie Hebdo jusqu’à aujourd’hui, les dessinateurs ont utilisé leur esprit et leur humour pour responsabiliser les politiques français et tenir le public informé de l’actualité.

Dans un pays de longue tradition de liberté d’expression, la caricature reste un élément essentiel du paysage politique français.

Au XIXe siècle, l’industrialisation de l’imprimerie d’abord au Royaume-Uni puis en France ainsi que la loi sur la liberté de la presse, votée en 1881 marque un âge d’or de la caricature politique et du dessin de presse qui se termine au début de la 1ère Guerre Mondiale.

Durant la Première Guerre mondiale, les caricatures nationalistes, souvent haineuses, sont à leur apogée : rares sont les dessinateurs qui osent s’attaquer à la logique guerrière. En septembre 1915 naît Le Canard enchaîné qui contient au début principalement des écrits.

En 1960 naît Hara-Kiri mensuel autour des dessinateurs Cabu, Topor, Gébé et Wolinski qui devient Hara Kiri hebdo en 1969 mais interdit dès novembre 1970 après une couverture sarcastique sur la mort de Charles de Gaulle. Le magazine renaît en juillet 1972 sous le titre Charlie Hebdo, qui disparaît, faute de lecteurs, en 1982 puis reparaît finalement dix ans plus tard avec de nouveaux collaborateurs, entre autres les caricaturistes Charb et Tignous.

Aujourd’hui les caricaturistes ont largement investi les réseaux sociaux et internet !

La caricature politique à l’âge d’internet

Internet a fourni aux artistes de caricature politique une plateforme globalement accessible pour diffuser leurs œuvres. De plus, les réseaux sociaux leur ont permis de développer une relation plus étroite avec leur public. Cela leur a donné un moyen de promouvoir directement leurs œuvres.

En outre, Internet a permis aux artistes de mobiliser rapidement des supporters en faveur de causes politiques importantes. La caricature politique est un art ancien, mais Internet a considérablement amplifié son impact en tant que force pour le changement social. Néanmoins, plusieurs questions sont toujours d’actualité.

La question du détournement

Certains artistes ont employé le détournement, c’est-à-dire l’utilisation d’une image pour une autre fin que celle pour laquelle elle a été créée. Ceci, afin de critiquer les idées reçues. Le détournement permet aux artistes de subvertir les messages véhiculés par les images et de les utiliser à des fins satiriques. Certains artistes ont même réussi à populariser certains mouvements politiques grâce à leur talent pour la caricature politique.

La question des fake news

La question des fake news quant à elle, est un problème récent lié à l’essor d’Internet et des réseaux sociaux. Les fake news sont des informations erronées, fausses ou trompeuses, diffusées intentionnellement afin de manipuler l’opinion publique. Ces dernières années, la question des fake news a pris une importance particulière en raison de leur potentiel d’influence sur les élections et le fonctionnement démocratique.

En effet, si les médias traditionnels peuvent être contrôlés par quelques-uns, Internet et les réseaux sociaux offrent un espace de liberté beaucoup plus large. Cela rend la diffusion des fake news beaucoup plus facile. Aujourd’hui, il est donc essentiel de savoir distinguer la caricature politique des fake news afin de ne pas se laisser manipuler par ces dernières.

La question de l’arrivée de l’IA dans la rédaction de texte

La question de l’arrivée de l’intelligence artificielle dans la rédaction de texte est un thème largement débattu dans le monde politique. Alors que certains soutiennent que les ordinateurs et les robots pourraient bientôt rédiger des textes aussi bien que les journalistes humains, d’autres craignent que cela ne mette fin à la caricature politique.

En effet, la caricature politique est souvent basée sur la capacité des écrivains à imiter le style de l’élu qu’ils critiquent. Si les ordinateurs commencent à écrire des textes politiques, ils ne seront pas capables de reproduire les tics de langage et les manières idiosyncrasiques qui sont si caractéristiques des humains.

Sans ces traits distinctifs, il sera beaucoup plus difficile pour les caricaturistes de créer des œuvres amusantes et percutantes. Certains pensent donc que l’arrivée de l’intelligence artificielle signifiera la fin de la caricature politique. Cependant, il est possible que les caricaturistes trouvent de nouvelles façons de s’attaquer à leur sujet. Ceci, en se concentrant sur d’autres aspects de la personnalité et du comportement des politiciens.

De plus, comme la technologie évolue, il est probable que les ordinateurs deviendront de plus en plus capables de reproduire les traits humains. Ainsi, même si l’intelligence artificielle changera sans doute la nature de la caricature politique, elle ne mettra probablement pas fin à cette forme d’art populaire.

La question de la création d’images

Les dessinateurs continuent de se servir de leur talent pour critiquer les hommes et les femmes politiques. Cependant, ils sont désormais confrontés à une concurrence accrue de la part des ordinateurs. En effet, de plus en plus de logiciels sont capables de produire des images très réalistes et d’effectuer des modifications subtiles qui rendent les traits des personnages plus expressifs.

Ces progrès ont suscité des craintes quant à l’avenir des artistes professionnels. Certains redoutent que, face à la concurrence des ordinateurs, ils ne soient bientôt plus indispensables. Cependant, il semble peu probable que les ordinateurs parviennent un jour à égaler le talent et l’inspiration des meilleurs caricaturistes politiques.

Les ordinateurs peuvent sans doute reproduire fidèlement les traits d’un visage, mais ils ne sont pas capables de saisir l’essence du personnage comme le font les artistes humains. De plus, la caricature politique n’est pas seulement une question technique. C’est avant tout un art qui repose sur l’observation et la vision personnelle de l’artiste. Les ordinateurs ne pourront jamais remplacer cela.

La question du deep fake

Aujourd’hui, la caricature politique est plus courante que jamais, grâce aux médias sociaux. Les internautes peuvent facilement partager des images et des vidéos parodiques. Il y a même des applications qui permettent de modifier les visages des personnages publics pour créer des “deep fakes”. Certains jugent cette pratique répréhensible, car elle peut conduire à la diffusion de fake news. D’autres considèrent la caricature comme une forme d’expression légitime.

Caricature politique et censure : va-t-elle disparaître ?

La caricature politique est un art qui ne fait pas toujours des heureux. En Inde par exemple, cette pratique risque de disparaître pour de bon. Plusieurs raisons en sont la cause.

En effet, le gouvernement indien réfléchit à la censure des caricatures d’aujourd’hui qui circulent librement et pourraient être censurées. Le 12 mai 2012, le Parlement a retiré un programme scolaire de son programme de première, parce qu’il contenait une illustration dessinée en 1949 par le célèbre caricaturiste Keshav Shankar Pillai (connu simplement sous le nom de “Shankarpillai”).

Ils ont jugé son contenu inapproprié et insultant. Dans ce dessin, B R Ambedkar est assis sur un escargot appelé “La Constitution”. Derrière lui, se tient Jawaharlal Nehru avec un fouet à la main. En Inde, des députés ont jugé qu’Ambedkar (l’homme qui a passé sa vie à lutter contre la discrimination et l’oppression) trouvait en lui-même une représentation malheureuse. Certains pensaient même que Nehru lèverait son fouet vers le coin de BR Ambedkari.

Le membre de basse caste a été comparé à Martin Luther King Jr. Cependant, cette comparaison ne tient pas, car si les deux hommes luttaient pour l’égalité entre leurs groupes respectifs, ils avaient également des objectifs ou des rêves différents et des quêtes qui les rendaient uniques. Il semble qu’il n’est plus possible de rire des politiciens indiens désormais. Néanmoins, le débat se poursuit.

Selon Shoma Chaudhury, la décision du Parlement est un abus de pouvoir d’élus devenus si peu respectueux des valeurs démocratiques. Ceci, à tel point qu’ils ont censuré un caricaturiste à qui Nehru avait lui-même demandé de l’épargner. De la même manière, le magazine Tehelka critiquant de telles décisions a accusé les Dalits (autre nom des intouchables) de vouloir obtenir leur soutien électoral.

Le journal « Hindu » a publié un article expliquant comment les activistes et intellectuels hindous ont critiqué le projet de loi sur la santé reproductive devant lui. La démocratie indienne devient rapidement une “démocratie de puanteurs”.

Comme le dit le sociologue Ashis Nandy, en Inde, il y a un gouvernement élu et dirigé par des personnes qui ne s’intéressent qu’à ce qu’il appelle “les calculs électoraux et les outils” pour s’élever par la politique ». New Delhi a annoncé qu’il y aurait bientôt formation en commission chargée d’examiner tous les dessins animés existants et ridiculisant les politiciens de tous les partis.

Certaines personnes pensent que le dessin animé n’est pas si innocent et mérite une discussion réelle. Le magazine Outlook critique sa couverture pour la “déification” d’Ambedkar par ses fidèles adorateurs. La sociologue Gail Omvedt ou l’auteure Meena Kandasamy considèrent qu’il est légitime de s’offenser dans une société qui reste largement divisée en castes encore aujourd’hui.

Le documentariste Anand Patwardhan, dont le nouveau film traite de la question des militants dit qu’il faut aller au-delà de la liberté d’expression. Il pense aussi que les Dalits sont l’oppression depuis l’Indépendance. Quand son dessin est sorti en 1949, personne ne l’a pris au sérieux, car à l’époque aucune injustice ne leur était infligée.

Certes, on a dédié une certaine importance à Ambedkar, mais la situation n’est pas rose non plus. Pour lui, la véritable question est celle des atrocités commises contre les dalits et leur exclusion du système éducatif.

En clair, le dessin animé hindou du 18 mai 2012 est un pastiche de Shankar. Le terme “Babasaheb” sur son piédestal signifie père de la constitution indienne. Il y a représenté le Premier ministre indien Nehru et à droite, vous pouvez voir des politiciens se disputer (Minsiter Kapil Sibal et FM Mamata Banerjee).

Un jeune caricaturiste nommé Unnamati Syama Sundar a créé ce dessin pour exprimer sa colère face à la manière dont le travail de Shankar a été mal compris. Il a été partagé sur Facebook et repris par des groupes d’activistes anti-dalits qui l’ont jugé trop prétentieux pour quelqu’un d’aussi critique à l’égard de la population marginalisée de l’Inde (les intouchables).

Le dessin de Surendra du Premier ministre indien, Mamata Banerjee, qui apparaît de ce journal, demande pourquoi les personnes rient-elles de son dessin. Suite à cela, Ambikesh Mahapatra a été arrêté dans la nuit du 12 au 13 avril 2012. Ceci, après avoir envoyé par e-mail et publié sur Facebook une bande dessinée insultante représentant l’Honorable.

En décembre 2011, le ministre d’État indien chargé des technologies de l’information et des communications, Kapil Sibal, a annoncé qu’il ferait pression sur plusieurs sites, dont Google, Twitter et Facebook. Ceci, afin de s’assurer qu’aucun contenu contenant du sabotage n’est en ligne.

Cette caricature de Sudhir Tailang, qui travaille pour le quotidien The Asian Age, montre le Premier ministre Manmohan Singh et le ministre de l’Intérieur Chidambaram alors qu’ils le menacent de les arrêter. Ce à quoi il répond qu’il ne s’est pas moqué d’eux.

En clair, avec la tournure que prennent les événements, il se peut bien que les jours de la caricature politique touchent à leur fin. En effet, même dans des pays comme la Chine, certaines caricatures sont censurées. Les artistes se doivent donc de faire assez attention quant à leur dessin.

En effet, en Mi-février 2020, un dessin a été partagé plus d’un million de fois sur les réseaux sociaux chinois. Sa simplicité renforce le message : il est possible de voir le docteur Li Wenliang portant un masque fait de fil de fer barbelé alors qu’il navigue à travers ce qui ressemble à une sorte d’expérience scientifique qui a mal tourné. Par ce dessin, il fait un effort pour avertir les autres d’un virus qui partage de nombreuses similitudes avec la grippe porcine.

En décembre, il avait été arrêté avec sept autres personnes et contraint de signer une lettre admettant qu’ils « répandaient des rumeurs ». Il a fallu 20 jours de plus pour que la population chinoise soit au courant de la propagation du virus. Pendant ce temps, Li Wenliang, comme de nombreux habitants de Wuhan, l’avait contracté. Ce médecin de 34 ans mourut le 6 février. Cela provoqua une énorme vague de colère au sein de la population.